La Relève est un projet non prosélyte porté en partenariat avec le monastère Saint Remacle.

 

La Relève est un lieu de rencontre, d'accueil et de retraite accessible à toute personne qui est en décrochage ou en recherche de sens.  

 

La Relève offre un espace de ressourcement.

 

La Relève permet un travail de discernement et propose un accompagnement psycho-spirituel.

 

La Relève organise diverses activités (retraites, travail participatif, stages, groupe de lecture).

Hiver/Printemps 2025

Notre agenda pour février, mars, avril, mai 2025.

 

Nous proposons  : 

- des retraites individuelles

- des WE thématiques

- des retraites en silence

- des soirées contes

- des stages pour enfants et adolescents

- des suivis personnalisés

- des cours (il est possible de rejoindre les cours)

- des groupes-lectures

 

 

 

fête de la résurrection 

 

Affaire en cours

L’autre soir je m’étais rendu dans mon café habituel. Il y fait calme et on y peut y déguster une Rochefort 10° en lisant son livre peinard. J’aime ce moment, je lis quelques pages, lève les yeux et les laisse voyager dans le café sans autre but que celui de prendre conscience de ce petit moment de bonheur, être simplement là, au milieu des hommes et des femmes, un parmi les autres. Puis je savoure une gorgée de bière, relis quelques pages, suspends à nouveau la lecture et laisse les pages descendre en moi. Je suis dans une douce attention flottante comme le dirait un psychanalyste.  

 

J’en étais là, quand j’entendis des bribes de conversations. On y parlait de crime. J’ai tourné la tête et à ma grande surprise, j’ai vu une grande tablée : il y avait Hercule, Jules, Imogène, Sherlock, mais aussi Harold, Jérôme et Prudence.  Oui, étaient rassemblées à une même table Hercule Poirot, Jules Maigret, Imogène Mac Carthery, Sherlock Holmes, Harold Wilberforce Clifton, Jérome K. Bloch et Prudence Petitpas.

 

L’occasion était trop belle. Je me suis avancé et leur ai dit « je vous ai entendu affirmer que l’enjeu de toute enquête était de savoir à qui le crime profite. Figurez-vous que je bute sur une enquête que je mène depuis des années déjà, à savoir la mise à mort de Jésus de Nazareth ».

« Aux Sadducéens » me répondirent-ils d’une même voix, « ce sont eux qui avaient intérêt à ce que Jésus soit mis à mort ».

 

« C’est élémentaire, ma foi ! », martela Sherlock.

 

« Oui », dis-je, « mais en rester à cette lecture factuelle ne résout pas la question, n’oublions pas que Jésus est Fils de Dieu. Le fils de Dieu se serait-il simplement laissé mettre à mort par un pouvoir corrompu ? Cette réponse ne me satisfait pas, d’où ma demande auprès de vous. Reprenons l’enquête, s’il vous plait. »

 

« Oui, chers amis, Olivier n’a pas tort, je n’ai moi-même jamais été convaincu par cette réponse, reprit Hercule. « Comment comprendre qu’Il serait venu sur terre pour se laisser tuer par n’importe quel pourvoir maffieux, cela n’a pas de sens ».

 

« J’ai déjà rencontré des situations où une personne cherchait à sacrifier sa vie. Elle le fait parce qu’elle se sent sinon coupable du moins responsable ». Fit entendre Jules en posant son verre de bière sur la table.

 

« By Jove, Jules, objecta Harold, dont l’agitation de ses moustaches indiquait la lutte intense qu’il menait pour conserver son flegme britannique, Dieu, ou du moins Lui en tant qu’il fait un avec son Fils, se serait senti fautif et serait venu expier sa faute à travers un procès inique qui le condamne à mort ? Tu blasphèmes mon ami ! et si ce que tu dis est vrai, alors c’est terrible… »

 

« Calmons-nous Gentlemen’s, reprit posément Sherlock, et commençons par nous demander de quoi Il pourrait se sentir fautif ? ». 

 

Lâchant un juron en écossais – que par décence je ne retranscrirai pas ici -, Imogène trébucha dans un débagoulage empathique, elle cita dans le désordre et sans le moindre respect pour la trame historique, les génocides, la mort d’un enfant, la pédophilie, la maladie, le handicap, la vieillesse, l’omniprésence de la violence, et s’arrêta par un « … il en a des choses à se reprocher ! »

 

Prudence, plus calme - il est vrai qu’elle suçotait avec délicatesse un petit verre d’élixir du Père Gaucher, alors qu’Imogène semblait n’en être pas à son premier Whisky -, Prudence donc déplaça habillement le propos en disant « peu importe ses motivations, sa mort a-t-elle résolu le problème ? »

 

Sherlock, opina de la tête, en disant tout haut ce que tout le monde pensait, « non, à voir comment va le monde, son sacrifice a été inutile ».

« Mais rétorqua Harold, vous inversez la donne, c’est pour expier nos fautes qu’il est venu, du moins c’est ce que j’ai appris au Jésus collègue de Cambridge auprès de mon Maître, le Père Brown ».

 

Jérôme répliqua « la question devient alors plus épineuse encore, s’il est venu expier nos fautes, auprès de quelle instance a-t-il dû présenter cette expiation ? Auprès de son Père ? »

 

« Non, c’est un non-sens complet, le Père est un Dieu d’Amour qui a souffert avec son Fils l’agonie et la mort, c’est ce que j’ai lu récemment dans un ouvrage d’E. Falque », trancha Hercule.

 

« En tout cas, conclut Imogène, si c’est ainsi nous connaissons les coupables, derrière les Sadducéens c’est nous. Est-ce pour le coup, dire que c’est à nous que profite ce crime ? ».

 

« Ce constat est dérangeant et désolant, il faut reprendre l’enquête » s’esclaffa Dupont qui venait enfin d’arriver.

 

« Oui, je dirais même plus, ce dérangement est constaté, il faut reprendre la quête », précisa l’autre Dupond.

 

« Mes amis, dis-je, les Dupont/Dupond nous offrent une issue ! Quelle que soit la manière dont nous menons l’enquête nous trébuchons sur une aporie. En entendant les Dupont/Dupond me revient à l’esprit un ouvrage du philosophe Zizek, vous voyez de qui je parle, un ours hégélien, qui a expliqué Lacan à travers Hollywood – l’occasion d’avoir une pensée pour Alfred ! Tout n’est-il pas affaire de mots, et s’il ne s’agissait pas d’une enquête mais de se mettre en quête ? A quelle conclusion aboutirions-nous ? Sortirions-nous des apories ? »

 

« En quête de quoi ? » s’inquiéta Jules.

 

« Nous mettre nous-mêmes en quête, nous mettre sur le chemin de l’interrogation. Non plus chercher à qui le crime profite, mais chercher à rencontrer Jésus », répondit Prudence.

 

Jérôme prit la balle au vol, « sur terre, nous devons mourir, il en va ainsi. Dès son premier matin, l’enfant est déjà assez vieux pour mourir. La mort est une certitude. Nous n’avons pas le choix. Par contre nous avons le choix de vivre ou de ne pas vivre, c’est-à-dire vivre à l’aulne de la vérité ou à l’aulne du mensonge. On pourrait alors comprendre que la mort de Jésus relève d’un choix libre – même si cela ne dédouane en rien ceux qui l’ont tué. »

 

« Tout à fait reconnut Harold, son choix donne de la valeur à sa vie, non au sens d’une valeur morale mais au sens d’un poids, sa vie avait du poids parce qu’il ne transigeait pas avec le mensonge. Sa mort n’a rien apporté, heureusement, car ce serait lui donner trop de crédit, à la mort ! Elle n’a rien à dire ni à enseigner. Seule la Vie parle, Jésus ne disait-il pas qu’Il est la Vie et la Vérité. N’était-il pas le Verbe, la Parole ? »

 

« Michel Henry, un autre philosophe, s’en est souvenu », dis-je.

 

« Il a été mis à mort parce qu’Il dérangeait. Il ne s’est pas soumis au mensonge, voilà ce que j’entends. Son témoignage affirme la victoire de la vie sur la mort parce qu’il affirme la possibilité de vivre dans la vérité de son cœur. Il nous dit qu’il est possible de ne jamais lâcher cette vérité. » lâcha avec émotion Prudence.

 

« Il a donné sa vie, on ne la lui a pas prise, il ne l’a donnée ni à la mort ni aux salauds, il ne l’a pas donnée non plus pour nous afin de payer une dette à un autre tyran, il l’a donnée à ce qui fait battre son cœur, à ce qui fait vivre la vie, à Celui en qui il croit » affirma Sherlock.

 

« Il a donné son existence à la vie et ainsi il a donné la vie à son existence » s’exclama tout éplapourdi Harold !

 

« Oui, mes amis, annonçai-je, à Pâques célébrons la victoire de la vérité sur le mensonge ».

 

« Mais attends Olivier, c’est trop court, Spartacus lui aussi n’a pas cédé sur la vérité et il en est mort de manière similaire, lui aussi sur une croix » me lança Hercule.

 

« C’est vrai, s’indigna Imogène, et il n’y a pas que Lui, que dire de Gandhi, de Martin, de Etty et de tant d’autres ? »

 

« Vous avez raison mes amis, admis-je, cela ne peut suffire. Nous devons passer du Vendredi Saint au Samedi Saint. »

 

« On oublie souvent de parler du Samedi Saint, on dit qu’Il est descendu dans les enfers pour relever les morts » rapporta Dupond.

 

« Et je dirais même plus qu’il a descendu l’enfer » ajouta Dupont.

 

« Encore une fois, les Dupont/Dupond nous donnent la piste, dis-je, non seulement il est descendu dans les enfers pour relever les morts, mais il a aussi et surtout descendu l’enfer. Il l’a descendu comme on entend ce terme dans le langage populaire, il l’a étendu, il l’a tué, quoi ! Il a mis la mort à mort. Il a mis à mort le mensonge. Jésus a descendu l’enfer, par la Vérité il fait entendre que l’enfer me ment. Il vient nous libérer de ce qui ment et nous enferme ».

 

« Oui, c’est cela, soupira Jules, nous libérer de la peur, du mensonge, de la culpabilité, de la honte, du jugement et de la désespérance ».

 

« De tout ce qui nous éloigne de la vie et de Lui, des autres et de nous-mêmes », souffla Jérôme.

 

Nous reprîmes, en un même geste et sans nous être mis d’accord sur ce geste, une gorgée – sans doute pour nous aider à avaler ce qui venait d’être dit.

 

« Est-ce à cette découverte que nous mène notre quête ? Nous sommes aimés même là où nous ne nous aimons pas, par un Ami qui n’a pas peur de nous rejoindre dans nos errances … » se demanda Imogène.

 

Un grand silence s’ensuivit. Plus personne n’osait se regarder, nous étions comme nus. Prêts à rire et à crier de joie. Prêts à rendre grâce et à chanter. Sans doute arrivions-nous au Dimanche Saint.

 

Sherlock, comme s’il avait été inspiré par son ancêtre Guillaume de Baskerville, en déduisit que la question est de savoir à qui profite nos autoaccusations.

 

« En effet, dis-je, notre enquête nous a amenés à une tout autre question, une question à laquelle nous devons répondre personnellement : à qui profite ma mort ? Mettons-nous en quête afin de savoir à qui ou à quoi nous donnons notre vie. »

 

Chacun se leva et s’en alla méditer. Moi, je suis retourné à ma table m’asseoir au seuil de ce jour.

 

De très joyeuses fêtes Pascales.

 

 

Pour la Relève, Olivier

La toile de fond et les tableaux ont été réalisés par Nicolas Drochmans : drochmansnicolas@yahoo.com

 

Les illustrations ont été réalisées par Marie Philippart de Foy : marie.philippart@hotmail.com